« On n’a jamais que l’âge auquel on a commencé à jouer aux échecs, car après on cesse de vieillir »
— J. R. Capablanca
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Coupe du Léman R2

03.11.2015

1 1. Vevey () - 2. GEL 1 () 2 - 4
1 91 Deschenaux, Berna () - 19964 Bondar, Yevgen () 1 - 0
2 3763 Jacot, Laurent () - 16940 Julmy, Sylvain () 1 - 0
3 2848 Chervet, Olivier () - 15470 Leresche, Samuel () 0 - 1
4 220 Besson, Richard () - 18265 Khanabiev, Alexey () 0 - 1
5 21086 Hurlimann, Max () - 13640 De Kalbermatten,  () 0 - 1
6 2440 Lafer, Jean-Jacqu () - 21306 Rauer, Armin () 0 - 1

 

4 4. GEL 2 (0) - 2. Renens 1 (0) 2½ - 3½
1 14523 Pagliaro, Sébasti (0) - 2940 Bélaz. Christian (0) 1 - 0
2 16715 Garcia Garcia, Ro (0) - 5779 Racloz, Michel (1) ½ - ½
3 12496 Dubuis, Olivier (0) - 10408 Jarnjak, Zlatko (0) 0 - 1
4 1190 Krug, Harald (0) - 416 Lambercy, Alain (0) 0 - 1
5 18009 Mangialetto, Dami (1) -   Cabinho, Francisc (0) 1 - 0
6 18392 Martinez, José (0) -   Tai,Ai-Kiun (0) 0 - 1

 

4 2. Yverdon (1) - 7. GEL 3 (0) 3½ - ½
1 8443 Sansonnens, Laure (1) - 10083 Rauss, Denis-Fran (0) 1 - 0
2 227 Cornu, Jean-Alexi (1) - 22060 Papp, Artur (0) 1 - 0
3 3301 Chatton, Jean-Ber (0) - 2094 Bonvin, Jean-Roge (0) ½ - ½
4 3299 Humm, Jean-Paul (0) - 22114 Sonnet, Adrien (0) 1 - 0


GROUPE C  -  Ronde 02   (mardi 03 novembre, 19:30 h. à Yverdon)

Nous avions prévu d’attribuer les pièces blanches aux deux jeunes collègues, Artur Papp et Adrien Sonnet, nouveaux venus dans le club, pour fêter leur premier match officiel avec nous. Par conséquent, les vieux briscards Bonvin et Rauss prendraient les Noirs - et au surplus je devais me sacrifier au premier échiquier, avec une probabilité proche de la certitude d’y retrouver Laurent Sansonnens (2000 Elo environ). Ce qui n’a pas manqué.

Sur l’autoroute, ce soir-là, le brouillard est dense par endroits. Artur me confirme qu’il travaille ses ouvertures avec les Blancs, pendant ses loisirs, et qu’il favorise actuellement le groupe Pion du Roi. Jean-Roger, lui, hésite et envisage même de se lancer pour la première fois dans une Sicilienne…  Je lui conseille vivement de rester pour ce soir dans les eaux plus calmes de l’Espagnole avec les Noirs, une partie qu’il affectionne depuis longtemps, si toutefois son adversaire veut bien lui faire la faveur d’ouvrir du Pion du Roi. Ce qui sera bel et bien le cas. Nous arrivons bientôt au local du club d’Yverdon, conscients d’y affronter cette année une équipe bien mieux cotée que nous. Et les parties s’engagent.

Artur Papp tout d’abord. (Eh oui, Artur sans « h » ! Le bon Roi de l’antique Bretagne, qui présida Table Ronde, doit se retourner dans sa tombe) Notre jeune néophyte part en campagne tambour battant affronter la Sicilienne Taimanov du sagace et toujours tenace Jean-Alexis Cornu (1750 Elo). Guère impressionné, Artur déroule ses coups « a tempo », se fiant à une ligne agressive assez bien tournée, me semble-t-il. En tous cas il me donne l’impression de savoir où il va.  Arrive alors le moment décisif, en milieu de partie : comment placer les Tours pour servir au mieux un jeu cohérent et efficace, en accord avec le plan général ? Seule l’expérience  et (ou) une mémoire d’éléphant (pour qui aime les suites théoriques)  peuvent éviter de s’égarer et aider à choisir les bonnes options dans ce domaine.

Malheureusement Artur se trompe, et il omet de se saisir à temps de la colonne centrale déjà ouverte. Ce que voyant, son adversaire, sautant allègrement dans la brèche, prend l’initiative et ne la lâche plus. Un échange et une perte sèche plus tard, la pression se fait intenable, les Noirs envahissent le camp des Blancs et le Roi d’Artur est promptement mis à mort. Avec ceux qui aiment les belles histoires,  nous promettrons  en chœur à notre jeune Chevalier que nous le suivrons avec intérêt désormais,  pour d’autres péripéties de cette « Matière de Bretagne ».

Autre joueur auquel nous souhaitons la bienvenue : Adrien Sonnet. Lui nous a rejoints à Yverdon depuis Genève, ce qui témoigne de sa détermination d’en découdre enfin dans un « vrai » match, un  match officiel.  Hélas, trois fois hélas, une inattention coupable dans les tout premiers pas de l’ouverture le met à terre, tel un judoka qui aurait trébuché en montant sur le tatami. Voilà une catastrophe initiale dont il n’est pas possible de se relever. Résigné, un peu dépité aussi, Adrien se retire donc avec son adversaire (à qui j’enjoins au passage de bien vouloir lui servir de sparring-partner avisé pour l’occasion) et  s’en va pour jouer une partie qui compte « pour beurre ». Une leçon qui vaudra mieux qu’un fromage, sans doute.

Et pendant ce temps-là, me direz-vous, que font nos deux vieux briscards, conduisant les Noirs ? Regardant par-dessus l’épaule du jeune Artur, je vois Jean-Roger Bonvin au troisième échiquier établir une excellente disposition de ses forces, dans une Espagnole avec Fou noir 3…Fc5 « à l’Italienne ». Dans ce système Cordel (que ne dédaignaient pas de pratiquer de loin en loin par le passé des Kamsky, Anand, Hector etc.) on ne craint pas l’avancée 4 d4…, on la provoquerait même. Mais on doit aussi compter avec d’autres possibilités des Blancs : ainsi 4 0-0 Cf6 peut déboucher sur une Berlinoise, par exemple, pendant que 4 c3… témoignerait d’un esprit plus classique.  

Jean-Roger est à féliciter pour son jeu lucide, patient et ultra-solide. Bientôt son adversaire (supérieur de 200 points au classement Elo), voyant que sa position ne lui permet pas d’envisager la moindre percée, propose d’en rester là et conclut à une nulle honorable, vite acceptée. Ouf, l’honneur est sauf, nous ne rentrerons pas avec pour résultat une « roue de vélo », comme disent les joueurs de tennis.

Quant à moi, j’affronte donc au premier échiquier, avec les Noirs, un bon joueur, amateur de jeu positionnel et de parties au dessein bien charpenté. Son jeu me convient, car il est de ceux qui facilitent celui de joueurs sans grand talent et leur permet de se hisser à un meilleur niveau quelquefois. Je suis conscient que nous faisons partie égale (ou presque) jusqu’au vingtième coup environ, ceci malgré quelques imprécisions de part et d’autre. Ma défense tient bien le choc, et j’aurais même de bonnes perspectives pour développer l’un ou l’autre contre-feu. Comme le démontreront plus tard mes amis Rybka et Houdini, vers le 30ème coup je suis même mieux que bien, grâce ou à cause de l’un ou l’autre coup « suboptimal » des Blancs.

A partir de là, ayant raté le coche par deux fois, ce qui devait arriver arriva : je commets une première  bourde, donnant l’avantage aux Blancs, puis une seconde, décisive celle-là. Alors, mon adversaire déploie enfin  son attaque, et après quelques coups bien assénés il l’emporte facilement.

Curieusement, il n’a pas l’air autrement satisfait de cette victoire. Et pourquoi ? En esthète volontiers amoureux des belles parties (et peu enclin à se rengorger pour avoir mis à mal un joueur de 400 Elo plus faible que lui…) il me fait le reproche tout amical de n’avoir pas suffisamment bien compris et défendu la position des Noirs, arguant que sa situation à lui, avant mes errements fatals, avec son Roi dans les courants d’air, Dames et Tours étant encore sur l’échiquier, n’était pas des plus réjouissantes. A l’analyse, je vois combien il avait raison. Et moi qui n’y avais rien vu, obnubilé sans doute par les orages qui s’amoncelaient autour de mon propre Monarque… Il y aurait de quoi battre sa coulpe plus avant, mais ce sera pour une autre fois.

D.F.Rauss, capitaine de l’équipe GEL III en CDL 2015-16